ARMEFLHOR
1, Chemin de l’Irfa, Bassin Martin – 97410 Saint-Pierre – La Réunion
Tél : 0262 96 22 60
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Les différents sujets étudiés ont fait l’objet de quatre présentations lors de la journée de restitution des travaux de l’UMT BAT le 1 septembre 2022 (voir notre actu Lutte contre les mouches des fruits : les méthodes de biocontrôle étudiées par l’UMT BAT).
Lors d’études précédentes, il a été montré que les petites mangues peuvent être infestées par les mouches des fruits, notamment B. dorsalis, au moment de l’auto-éclaircissage naturel. Ces petits fruits constituent ainsi une source d’infestation pour la parcelle et augmentent donc la pression exercée par les mouches des fruits sur la culture. L’objectif de cette étude était de déterminer à quel moment intervient l’infestation, afin d’adapter les mesures prophylactiques à mettre en place, et d’évaluer l’effet de la couverture du sol sur ce phénomène.
Lors d’une première expérimentation menée dans un verger situé à Piton Defaud (St Paul), le taux d’infestation et la sévérité de l’infestation (nombre d’individus pour 100g de fruits) des petits fruits ont été mesurés (Figure 9). Les fruits ont été séparés en trois catégories : les fruits verts bien attachés sur l’arbre, les fruits se détachant facilement de l’arbre (en abscission) et les fruits tombés au sol.
Le plus fort taux d’infestation (>60%) a été observé sur les fruits tombés au sol. C’est aussi cette catégorie qui a présenté le plus d’individus pour 100g de fruit (>20). La totalité des fruits verts observés étais sains, les fruits en abscission sur l’arbre présentaient, quant à eux, un niveau d’infestation intermédiaire par rapport aux deux autres catégories. Cette expérimentation a montré que c’est le passage des petits fruits à l’état d’abscission qui les rend sensibles aux mouches des fruits. Ces résultats ont été confirmés par d’autres expérimentations, dans le même verger en 2019 et dans un verger de Bassin-Plat (St Pierre) de 2018 à 2020. Ainsi, l’élimination des petites mangues au moment de l’auto-éclaircissage naturel est recommandé, mais il n’a pas lieu de se faire avant que les fruits ne tombent au sol. Cette opération peut être effectuée à l’aide d’un rouleau ramasse-noix.
En 2019 et 2020, des expérimentations sur l’impact de la couverture du sol et de la durée d’exposition des petits fruits, sur leur infestation par les mouches des fruits ont été menées. Pour cela, des mangues ont été disposées au sol avec trois types de couvertures différents : sol recouvert d’une bâche tissée (tapis de sol : TS), sol avec enherbement ras (ou sol nu) (ER) et sol avec enherbement haut (EH). Les fruits ont été laissés au sol pour 5 durées différentes en 2019 (allant de 4 à 16 jours) et 4 durées différentes en 2020 (allant de 4 à 13 jours).
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En 2019, c’est le sol couvert d’une bâche tissée qui a montré les meilleurs résultats, avec la plus faible proportion de fruits infestés. Selon le temps d’exposition des fruits, c’est l’enherbement haut qui a abouti au maximum d’infestation (cas d’une exposition courte) ou l’enherbement ras (cas d’une exposition longue). En 2020, c’est sur le sol couvert d’une bâche que la plus forte infestation des petits fruits a été observée. Ces résultats contradictoires laissent penser que les effets du type de couverture du sol sur l’infestation des petits fruits dépendent de l’environnement (température, pression des mouches des fruits…). Cependant il faut considérer d’autres impacts de la couverture du sol sur la gestion des ravageurs. En effet, dans le cas de la bâche tissée, même si elle ne réduit pas toujours le taux d’infestation, elle empêche de toute façon les larves de passer au travers pour continuer leur cycle de vie dans le sol, ainsi, avec ce type de couverture du sol, le ramassage des petits fruits semble facultatif. De plus, des mesures microclimatiques et d’activité biologique ont montré que ce type de couverture n’avait pas d’impact négatif au niveau du sol. L’enherbement haut quant à lui, participe à la lutte biologique par conservation contre les ravageurs des inflorescences, mais il peut gêner le ramassage des petites mangues, surtout dans le cas où un rouleau ramasse-noix est utilisé. Ainsi, il semble pertinent de garder un enherbement haut tout au long de la floraison et de faucher au moment de l’auto-éclaircissage naturel.
Contact : alain.ratnadass@cirad.fr
Dans la lutte contre les mouches des fruits, trois spécialités phytosanitaires sont autorisées :
Des autorisations provisoires sont accordées au Bactrocera Pro Drop (piège à base de méthyl-eugénol) et au Sokalciarbo WP (spécialité à base de kaolin).
Il est nécessaire de mettre au point toute une variété de méthodes de lutte contre les mouches des fruits, notamment à base de substances naturelles, pour assurer un contrôle durable de ce ravageur.
Dans cette optique, différents attractifs naturels, avec une potentielle fabrication « à la ferme » par les producteurs, ont été identifiés par une étude bibliographique. L’attractivité de ces substances a été testée au champ lors de deux essais différents. De plus, plusieurs combinaisons de leviers ont été mises en place pour en évaluer l’efficacité dans la lutte contre les mouches des fruits.
Lors d’un premier essai (Figure 11), 4 attractifs naturels ont été comparé à une référence (déjà utilisée en champ) :
Lors de cet essai, le FLYRAL (attractif à base de protéines hydrolysées) a été utilisé comme référence (M1), mais n’a pas montré une grande efficacité, avec un piégeage moyen de 8 mouches par semaine. L’attractif qui a montré les meilleures performances est le phosphate diammonique (M5), avec un piégeage maximal de 25 mouches sur une semaine, cette modalité a permis significativement plus de capture que les autres.
Lors d’un deuxième essai (Figure 12), 3 autres attractifs ont été testés et comparés à une référence :
Lors de cet essai, des pièges au méthyl-eugénol (un attractif de mâle puissant, mais cancérigène) ont été utilisés comme référence. Ce sont eux qui ont montré le plus fort taux de capture. L’attractif à base de levain (M2) de gingembre ne s’est pas montré efficace avec un piégeage moyen de 11.8 individus. Les deux attractifs à base de basilic sacré (M3 et M4) ont montré des taux de captures se rapprochant de la référence avec des piégeages moyens de 64.3 et 100.2 mouches respectivement. Des études seront mises en place pour déterminer plus précisément les modalités d’utilisation du basilic sacré et son efficacité dans la lutte contre les mouches des fruits.
D’autre part, l’efficacité de différentes combinaisons de méthodes de luttes a été testée en verger de mangue : application de kaolinite, pose de stations d’appâtage couplant un insecticide et un attractif alimentaire et divers attractifs en piège (Tableau 1).
Les différentes modalités considérées ont permis de réduire significativement la proportion de fruits piqués (notamment lors de l’essai n°2), en comparaison avec une absence de traitement (Figure 13). Ces essais doivent être reconduits au cours de la campagne 2022-2023 afin de conforter les résultats obtenus et d’optimiser les combinaisons de traitements.
Contact : rachel.graindorge@armeflhor.fr
L’écologie chimique est une discipline scientifique qui étudie le rôle des odeurs dans les interactions entre êtres vivants. Une des finalités visées est l’utilisation des odeurs susceptibles de manipuler les comportements des ravageurs afin de protéger les cultures. Dans le cas de la lutte contre les mouches des fruits, nous cherchons des odeurs attractives pour les mouches qui pourront être utilisées pour le piégeage de masse.
Les attractifs déjà connus et utilisés pour piéger les mouches des fruits se classent en deux catégories : les attractifs alimentaires (peu spécifiques) et les attractifs de mâles (ex : méthyl-eugénol, efficaces mais n’attirent que les mâles et sont cancérogènes). Nous recherchons de nouveaux attractifs parmi les phéromones sexuelles (odeurs de mâles) et les kairomones de fruits (odeurs de fruits), ciblant tout deux les femelles.
Pour la recherche de nouveaux composé attractifs, les approches d’écologie chimique se basent principalement sur trois outils :
* La chimie analytique des odeurs : vise à dénombrer et identifier les composés chimiques volatils (COV) composant une odeur (Figure 14A)
* La neurophysiologie de l’olfaction : vise à sélectionner les composés que l’insecte est capable de détecter et éliminer ceux auxquels il est « aveugle » (Figure 14B)
* L’écologie comportementale : étude des comportements des insectes, notamment de l’orientation olfactive (Figure 14C)
Des études combinant ces outils ont abouti à la découverte de nouveaux composés attractifs des mouches des fruits, notamment de la mouche du melon (Zeugodacus cucurbitae). En effet, l’effet attractif d’une kairomone de concombre a été mis en évidence et le développement de pièges basés sur ce composé est en cours. De plus, des phéromones sexuelles attirant les femelles ont aussi été mises en évidence. Leur potentiel d’utilisation est à l’étude, mais elles pourraient être ajoutées aux kairomones pour en améliorer l’efficacité.
La polyphagie de B. dorsalis complique la recherche de nouveaux attractifs de cette espèce, cependant des avancées ont été faites. Les odeurs de 28 espèces de fruits ont été analysées, plus de 600 composés volatils (COV) ont été mis en évidence. Ces composés ont été classées notamment selon le nombre de fruits qui les émettent. Deux catégories de composés ont été mises en évidence : les composés spécifiques aux émissions d’une ou d’un petit nombre d’espèces de fruits et les composés communs aux émissions d’un grand nombre d’espèces de fruits. Des analyses neurophysiologiques ont montré que B. dorsalis est plus sensibles aux composés spécifiques, qui lui permettent d’identifier l’espèce de fruit, qu’aux composés communs (Figure 15).
Des études comportementales ont ensuite permis de confirmer que cette plus forte sensibilité aux composés spécifiques se traduit par une préférence de ces composés par les femelles. Ainsi, les futurs travaux vont se concentrer sur cette catégorie de composés, afin de mettre en évidence des attractifs plus efficaces.
Contact : vincent.jacob@cirad.fr
Les champignons entomopathogènes sont des organismes qui parasitent les insectes, certaines souches peuvent donc être utilisées comme insecticides biologiques contre les ravageurs des cultures. C’est le cas notamment d’une souche de l’espèce Beauveria hoplocheli qui est utilisée depuis des années contre le vers blanc de la canne à La Réunion, sous sa forme commerciale, le Betel.
De premiers travaux ont été menés pour évaluer le potentiel de champignons du genre Beauveria dans la lutte contre les mouches des fruits. La pathogénicité de la souche Betel (B507) et de deux souches (I-2960 et I-2961) de l’espèce Beauveria bassiana, a été notamment évaluée sur des adultes de la mouche orientale des fruits (B. dorsalis) et la mouche du melon (Z.cucurbitae) (Figure 16).
Les souches de champignon se sont avérées pathogènes pour les adultes mouches des fruits, le taux de mortalité est très significativement supérieur au contrôle pour les trois souches, et ce indépendamment de l’espèce de mouche considérée.
Deux stratégies d’utilisation ont été évaluées ou sont en cours d’évaluation. La première cible les femelles qui sont à l’origine des dégâts, et ne sont pas ciblées par les méthodes de piégeage actuelles qui n’attirent que les males. Cette stratégie qui repose le concept d’auto-dissémination des spores du champignon a été évaluée sur la mouche du melon. Dans ce concept, les spores du champignons entomopathogènes sont placées dans un dispositif contenant l’attractif des mâles, pour la mouche du melon il s’agit du cue-lure. L’objectif étant que les mâles attirés dans le dispositif se contaminent avec les spores du champignon et lorsqu’ils ressortent du dispositif qu’il transmettre le champignon aux femelles lors de l’accouplement. Les essais mis en place pour évaluer cette stratégie ont démontré que lorsque l’accouplement intervient 1h après la contamination du mâle alors il y a une augmentation significative de la mortalité des femelles. Cependant, il n’y a plus de transmission à la femelle si l’accouplement a lieu 24h après la contamination du mâle. Cette stratégie n’a pas été approfondie du fait de cette fenêtre temporelle d’efficacité est trop restreinte.
La deuxième stratégie testée cible les stades telluriques (dans le sol) des mouches des fruits, contrairement à toutes les méthodes de lutte existantes, qui ciblent les adultes. Le champignon est appliqué au sol, ainsi, lorsque les larves de mouches des fruits rentrent dans le sol pour continuer leur cycle de vie, elles sont contaminées par le champignon. Des tests en laboratoire ont été fait pour évaluer cette stratégie, du Betel et du Botanigard (à base de B. bassiana) ont été appliqués sur du sable avec lequel des larves de C. capitata et B. dorsalis ont été mise en contact (Figure 17).
Lors des tests en laboratoire, une réduction significative de l’émergence des mouches des fruits a été démontrée. De plus, la mortalité des adultes qui émergent est aussi significativement supérieure à celle des témoins. Les résultats d’essais préliminaires sur le terrain sont encourageants et suggèrent que le champignon et son activité insecticide pourraient persister dans le temps. Les doses appliquées lors de ces premiers tests sont fortes et un traitement similaire au champ aurait actuellement un coût trop élevé, d’autres expérimentations seront mises en place pour tester des modalités d’application et poursuivre l’évaluation de la cette stratégie.
Contact : laurent.costet@cirad.fr
Bulletin technique – Fertîle n°54, octobre 2022 (p.24)
Bulletin technique – Fertîle n°53, juin 2022 (p.38)
Bulletin technique – Fertîle n°53, juin 2022 (p.39)
Bulletin technique – Fertîle n°53, juin 2022 (p.48)
Bulletin technique – Fertîle n°52, avril 2022 (p.10)
Poster réalisé par l’UMT BAT Biocontrôle en agriculture tropicale, Armeflhor/Cirad/La Coccinelle, 2022
Poster réalisé par l’UMT BAT Biocontrôle en agriculture tropicale, Armeflhor/Cirad/La Coccinelle, 2022
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